
Des solutions innovantes s’appuyant sur la vidéo sont déployées aux caisses libre-service pour dissuader les vols, tout en ne bloquant pas le passage. Dans les rayons frais, les étiquettes munies d’antennes apparaissent et les accessoires anti-vol préservent les facings des rayons non alimentaires. Par Jean-Bernard Gallois
En absence de données pour la France depuis plusieurs années, il faut pratiquer l’anglais pour avoir quelques chiffres sur les vols en magasin. On apprend ainsi que le vol à l’étalage (“shoplifting”) a explosé en Angleterre avec près de 440 000 cas l’an dernier selon les chiffres de la police, en augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Les “smash and grab”, traduits en “vol par effraction rapide”, se sont aussi multipliés ces derniers mois. Dans l’Hexagone, les propriétaires de supermarchés et d’hypermarchés racontent des histoires de chariots remplis de produits non alimentaires par deux personnes qui traversent la ligne de caisses à toute vitesse, et sont réceptionnés par un comparse juste derrière celle-ci.
L’IA en soutien Active dans les rayons frais, la démarque inconnue se produit aussi dans les caisses libre-service (CLS ou self check out – SCO), lorsqu’un consommateur oublie, volontairement ou non, de scanner un article ou deux. « Elles constituent d’ailleurs un point d’attention particulier des enseignes, car ce sont des endroits très perméables des magasins », estime Frédéric Boukara, directeur général de Checkpoint Systems France. Testé sur les caisses libre-service de l’Intermarché de La Farlède (83) l’été dernier, la solution Vynamic SmartVision de Diebold-Nixdorf analyse par caméra si un article passe sans être scanné ou quand le client quitte la caisse sans payer. Un message apparaît sur l’écran et une notification informe le personnel de caisse. Optimisée avec de l’intelligence artificielle, la solution a permis une réduction de 15 % des interventions manuelles du personnel de caisse, selon la société allemande, permettant ainsi de fluidifier le trafic en sortie de magasin, de réduire le temps d’attente des clients et d’améliorer le relationnel avec les hôtes et hôtesses. Le taux de transactions erronées à la suite de problèmes de lecture des codes-barres aurait également chuté de deux tiers, passant de 3 % à moins de 1 %. « Les interactions entre le personnel et les clients sont devenues plus fluides et plus agréables, a réagi Laurent Hugou, propriétaire du magasin Intermarché de la Farlède. Après seulement six mois d’utilisation, cette technologie est déjà devenue indispensable à nos activités quotidiennes ». Tant et si bien que le Groupement Les Mousquetaires a annoncé, début janvier, la généralisation du recours à cette solution dans ses magasins Intermarché et Netto.
Pas de caméra cachée pour les caisses libre-service Les caméras au-dessus des caisses libre-service sont une solution actuellement étudiée de près par les enseignes. Il existe une attente des magasins pour trouver un équilibre entre la demande de choix pour payer, avec une jeune génération soucieuse d’être autonome en allant en CLS ou voulant payer par smartphone et d’autres clients plus désireux de prendre leur temps et d’avoir un échange avec les hôtes de caisse. Thoonsen planche sur des solutions destinées aux grandes surfaces spécialisées. Elles impliqueraient des QR codes qui afficheraient, sur un écran de sortie de caisse libre-service, le nombre de produits payés par le client. Un outil qui pourrait bien être dissuasif si le nombre de produits est inférieur à dix et peut facilement être compté par l’employé du magasin. L’entreprise basée à Châteauroux (36) teste actuellement dans des magasins de bricolage des écrans biface où la personne chargée de l’îlot de CLS et l’agent de sécurité peuvent voir le nombre d’articles s’affichant. Un autre spécialiste de la sécurité réfléchit à des solutions